Parfois, je crois que je suis folle. Je vois des choses impossibles. [Mercedes]

Assise sur le muret, tu regardes la nuit qui s’offre à toi, une cigarette au bec. T’attends tranquillement de pouvoir embarquer, pour partir. Ta sœur fait les cent pas à l’intérieur de l’aéroport. Elle ne dit rien, mais tu sais qu’elle a qu’une hâte : que tu partes. Mais si elle croit vraiment que ça va te faire changer, elle se fout le doigt dans l’œil. La seule et unique chose qui te plait dans ton départ, c’est que tu ne l’auras plus sur le dos. Et ça, ce n’est pas négociable.

Tu es née à Barcelone, d’un père espagnol et d’une mère allemande. Un beau mélange selon certains, un fardeau pour toi, qui n’avait pas un prénom où sonnait la consonance du soleil. Contrairement à ta sœur de 10 ans ton aînée, qui elle avec son doux prénom de Maria, passait partout et n’était jamais montrée du doigt.
En grandissant, tu étais proche de ta famille. Surtout de ton père. Un homme très riche qui pourtant, n’hésitait pas à sortir en jogging le dimanche pour aller aider le voisin qui avait un problème avec sa voiture. Ton père t’a toujours appris que malgré ta richesse, tu devais rester naturelle et surtout, que ce n’était pas la richesse qui définissait qui tu devais être. C’est sûrement la plus belle leçon de vie qu’il t’a donné.
A tes 15 ans, le drame est arrivé dans ta vie. Foutue vie. Toi qui étais la petite fille parfaite et pleine de vie, tu as tout perdu. Tes parents ont eu un violent accident de voiture et sont morts sur le coup. Ça t’a anéanti. Surtout que de nombreux inconnus sont venus à l’église, alors que toi, tu ne les connaissais même pas !  Et pourtant ce jour-là, tu as rencontré Aelia. Une jeune-fille de ton âge, aux cheveux noirs comme l’ébène, à la tenue soignée. Une petite poupée. Elle t’a serré dans ses bras pour te montrer son soutien, alors qu’elle ne te connaissait pas. Pendant des semaines, vous vous êtes vues en secret. Puis elle t’a embrassé. Ton premier baiser. Puis ta première fois. Ta première vraie histoire d’amour.

Recrachant ta fumée, tu continues de regarder ta sœur. Maria semble compter les minutes qui séparent ton départ. Ça ne te fait rien, ne te touche même plus. Tu sais très bien qu’elle ne te supporte plus depuis des années et que ce qui s’est passé il y a trois mois a été la goutte de trop. Entendant un petit ‘Des’ tu te retournes et te retrouves face à Marco, un ami et drogué, comme toi. Le prenant dans tes bras, tu le sens glisser quelque chose dans ta poche avant qu’il s’en aille. Le relâchant, tu sors l’objet et souris. Il t’a offert un téléphone, ta sœur t’ayant privé du tien. Tu le remercies avant de retourner à ta place, pour finir ta cigarette.

T’as viré mal après l’accident. Au point où tu as perdu Aelia. Elle t’a quitté pour se mettre avec une autre fille, sans aucun scrupule en te disant simplement qu’elle avait voulu faire sa première fois avec toi, juste pour être prête pour sa nouvelle compagne. Tu as été complètement détruite et tu t’es enfoncée un peu plus dans le sexe, la drogue, l’alcool.
Puis tu as fait la connerie de trop. Une avant-première d’un film, l’actrice principale étant là : Marina. Tu as détruit la salle et vous vous êtes faits arrêter, toi et tes potes. Heureusement pour toi, Maria était une très bonne avocate. Et elle t’a évité la prison mais a décidé de t’éloigner de tes mauvaises fréquentations en t’envoyant à NY.

Et tu as pris l’avion. Sans un regard pour ta sœur. Et cela fait maintenant 9 mois que tu es dans les rues de la ville américaine. Mais tu n’as pas arrêté tes conneries, bien au contraire. Un nouveau de ta bande se fait passer pour ton patron, et ta sœur croit tout ce que tu lui dis, pensant que tu t’es rangée. Comme si tu en avais envie … Surtout que quand tu fais dans l'illégalité, tu vires à la folie. La vie est bien plus drôle ainsi!